C'est chose faite avec cet article, qui nous l'espérons, saura nous éclairer quelque peu.
C'est face à l'invasion d'objets standardisés dans le monde de la décoration, qu' Alastair Fuad-Luke a lancé le concept de Slow Design en invitant les designers à concevoir des objets en édition limitée se basant sur des principes éthiques et écologiques. Leur création doit en effet se baser sur plusieurs critères de développement durable : recyclage de matériaux, utilisation de techniques de conception traditionnelles, élaboration simple.
Alastair Fuad-Luke, universitaire Anglais mais aussi consultant environnemental, a théorisé ce mouvement en 2004, désireux de franchir une étape nécessaire dans la lutte contre le trop plein de ce qui ne sert à rien et qu’on achète alors qu’on sait ne pas en avoir besoin.
Il le défini lui même comme cela:
"Philosophie et principes
* Conception ralentissant les métabolismes des activités humaines et économiques et diminuant l'utilisation des ressources
* Conception ciblant surtout le bien-être individuel, socioculturel et environnemental
* Conception célébrant la lenteur, la diversité et le pluralisme
* Conception encourageant la vision à long terme
* Conception impliquant le "présent continu" (expression inventée dans les années cinquante par Bruce Goff, architecte américain qui constata que l'histoire appartenait au passé, que le futur était encore inexistant mais que nous vivions toujours dans un présent continu)
* Conception opposée à l’idée de « rapidité » (vitesse) de la conception actuelle (industrie et consommation).
Concept
Le processus du Slow Design est complet, détaillé, holistique, poussé, respecté et mûrement réfléchi. Il permet l'évolution et le développement des résultats de la conception. Il appartient aux domaines public et professionnel et insiste sur l'importance de démocratiser le processus de conception en englobant un grand nombre de participants.
Résultats
Le Slow Design se manifeste dans chaque objet, espace ou image encourageant la diminution des ressources humaines, économiques, industrielles et urbaines en :
* concevant des espaces propres à la méditation, aux actions et aux rêves
* concevant d'abord pour les gens, puis pour l’argent
* concevant d'abord pour la communauté locale, puis pour la communauté internationale
* produisant des avantages socioculturels et du bien-être
* produisant des avantages environnementaux régénérateurs et du bien-être
* démocratisant la conception en encourageant la conception auto-initiée
* catalysant les changements de comportement et la transformation socioculturelle
* créant de nouveaux modèles économiques et d'entreprises ainsi que des opportunités
* présentant ces résultats sous forme de huit thèmes étroitement liés :
Thèmes : Tradition / Rituel / Empirisme / Lenteur / Open source / Technologie / Eco-efficacité / Evolution"
Le terme slow design renvoie en fait directement au slow food, né en Italie dans les années 1980 pour contrer la toute-puissance du fast food, et plus largement celle de la fast life, mouvement qui s'oppose aux effets dégradants de l'industrie et d'une culture qui standardisent les goûts ; et qui promeut les effets bénéfiques de la consommation délibérée d'une alimentation locale, et travaille pour la sauvegarde et la promotion d'une conscience publique des traditions culinaires et des mœurs, pour faire court.
Et pour qu'un objet soit Slow Design, il doit correspondre, vous l'aurez compris à une série de règles précises, sorte de cahier des charge du mouvement.
L’objet slow est unique ou en édition limitée, si possible réalisé à la main. A mi-chemin entre l’artistique et l’artisanal, l’idée est de lutter contre la production globalisante, étouffante des lois de production.
L’objet slow est à base de matériaux recyclés. Chutes de bois qui deviennent du mobilier par Piet Hein Eek, roues de pousse-pousse qui sont métamorphosées en vide-poches par les frères Campana, branchages qui sont transformés en porte-fruits par Enkidoo.
L’objet slow encourage le développement durable, comme les luminaires “Snowflake”, de David Trubridge, en pin de Nouvelle-Zélande issu de forêts gérées durablement.
L’objet slow utilise des techniques traditionnelles de savoir-faire et décomplexifie les processus de production. Un clou vaut ainsi mieux que deux machines.
L’objet slow pousse à la réflexion et invite à imaginer de nouvelles utilités. L’objet doit être intelligent et plus seulement fonctionnel."
Voilà un mouvement, nous n'allons pas utiliser le terme "tendance", qui renvoie trop à l'idée de "mode", assez proche de l'éco-design, et il nous semblait normal d'essayer de le comprendre un peu plus profondément, d'autant que certains slow designers produisent des objets vraiment remarquables. Vous aurez sûrement l'occasion d'en entendre parler plus souvent, au travers des pages virtuelles de notre cher Green-O-Blog.
Et pour les anglophones qui voudraient en savoir plus, The eco-design handbook FUAD-LUKE Alastair, Thames & Hudson, 2e édition, London, 2004, 351 p, est un guide complet des produits éco-conçus avec une fiche détaillée de 570 produits, 125 matériaux sélectionnés et des informations sur des centaines de designers, des entreprises et des organisations écologiques.
Vous avez aussi le site internet d' Alastair Fuad-Luke à cette adresse.
Bonne recherche, et en attendant, des photos d'objets slow qui nous ont bien fait flasher chez Green-O-Rama!
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